samedi 27 novembre 2010

[revue de presse] - [82] - [samedi 27 novembre 2010]



LePost
"Dominique de Villepin est venu, a vu... mais n'a pas (con)vaincu. Auditionné par le juge Van Ruymbeke suite à ses déclarations fracassantes sur l'attentat de Karachi sur TF1 (il avait affirmé en connaître un rayon sur le système des rétrocommissions), l'ancien secrétaire général de l'Elysée a été moins bavard devant le juge. 
Sur RMC, l'avocat des familles des victimes, Me Olivier Morice, qui était présent pendant cette audition, raconte: 
"Ca a duré un peu moins de 5h. Dominique de Villepin a tenu à faire une déclaration, à la sortie de son audition, dans laquelle il confirme l'existence de rétrocommissions, mais qui d'après lui n'ont pas de lien avec l'attentat de Karachi, en mai 2002. Nous n'attendions pas que l'ancien premier ministre reconnaisse qu'il y ait un lien: dans ce cas, sa responsabilité, ainsi que celle de Jacques Chirac était directement engagée." 
"Dominique de Villepin a mis en cause des partis politiques, des hommes politiques. Mais quand le juge lui a demandé de mettre des noms sur ces partis et ces hommes, il y a eu un silence de 10 minutes."
"Ce qu'a confirmé Dominique de Villepin, ce sont les soupçons qu'il avait, étayés par des analyses de la DGSE. Les commissions sont revenues en France pour financer des partis politiques qui soutenaient le premier ministre. Mais quand il a prononcé le nom d'Edouard Balladur, c'est pour le mettre hors de cause. Nous lui avons fait remarquer que ces déclarations étaient contradictoires entre ce qu'il a dit dans le livre Le Contrat, ce qu'il a dit la semaine passée sur TF1 et là, face au juge." 
"J'ai la conviction que Dominique de Villepin est face à un conflit de loyautés. Il sait qui est concerné par ces rétrocommissions, mais il ne souhaite pas donner de noms. J'ai le sentiment qu'il a fait preuve d'une certaine sincérité. L'embarras qui a été le sien, quand on connait son panache, démontre son conflit de loyauté."
"Faut-il déposer plainte contre lui pour aller plus loin que ce conflit de loyauté? Je n'en suis pas certain."..."

Autre article :  


Le Journal du Dimanche, Bruno Jeudy
Le 28 avril 2010, Édouard Balladur accepte pour la première fois de s’expliquer devant les membres de la mission parlementaire qui enquête sur les circonstances de l’attentat de Karachi. Ce jour-là, l’ancien Premier ministre se défend d’avoir financé sa campagne présidentielle "de façon illégale par des rétrocommissions". Extraits d’un document secret que le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, refuse de transmettre à la justice mais que le JDD s’est procuré : 

"Sur les causes de l’attentat qui a coûté la vie à onze de nos compatriotes, je ne suis pas en mesure d’éclairer la mission autrement que par les questions que je me pose […]. Quant à l’hypothèse avancée par quelques-uns, tenant au fait que des commissions qui auraient été promises à l’occasion de la signature, en 1994, du contrat prévoyant la fourniture de trois sous-marins au Pakistan n’auraient pas été intégralement versées à leurs bénéficiaires en raison de leur annulation par le gouvernement français en 1996, elle laisse perplexe : en 1996, si j’en crois ce qu’écrit la presse, la quasi-totalité de ces commissions aurait déjà été versée, ce qui limitait le préjudice subi par leurs bénéficiaires ; de surcroît, on a du mal à s’expliquer qu’un motif de cet ordre puisse entraîner, six ans après, en 2002, et par mesure de rétorsion, l’assassinat de onze Français. Je rappelle que je n’ai jamais été informé de l’octroi de commissions, que je n’avais pas à l’être car ce n’étaient pas des sujets qui étaient traités à Matignon […].
Si […] ma campagne avait bénéficié de rétrocommissions à hauteur de 10 millions de francs, cela constituerait un abus de biens sociaux au détriment de la DCN, délit imprescriptible, alors que le Conseil constitutionnel en a validé le financement par une décision du 12 octobre 1995[…]. Dans la période des années 1980-1990, le financement des activités politiques a connu de nombreux incidents judiciaires affectant tous les partis. C’est à cette situation que j’ai entendu porter remède en demandant au Parlement de voter la loi du 19 janvier 1995 relative à la transparence financière de la vie politique...

article complet : http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Edouard-Balladur-Le-financement-en-especes-n-a-nullement-ete-invente-par-moi-document-236458/




KARACHI : SARKOZY EN PREMIERE LIGNE
L'express, Philippe Broussard
""Rumeur malveillante." C'est ainsi que Claude Guéant qualifie la mise en cause de Nicolas Sarkozy dans le volet financier du dossier Karachi. Selon le secrétaire général de l'Elysée, cette enquête ne concernerait "en rien" le chef de l'Etat. Son nom apparaît pourtant bien dans le dossier, et à double titre: comme ministre du Budget (1993-1995) et comme porte-parole de la campagne d'Edouard Balladur en 1995.  
En tant que ministre, Nicolas Sarkozy aurait validé - ce qu'il conteste -le plan de trésorerie de la vente de trois sous-marins français, en 1994, au Pakistan. Ce plan prévoyait le versement de commissions (l'équivalent de 33 millions d'euros) à divers intermédiaires imposés par le gouvernement Balladur. A l'époque, de telles commissions étaient légales.  
Pour faciliter ces transactions, Nicolas Sarkozy a, semble-t-il, donné son accord à la création, en novembre 1994, d'une société luxembourgeoise baptisée Heine.  
Or cette société est aujourd'hui au cœur des investigations: c'est par elle qu'une partie des commissions seraient revenues en France -sous forme de "rétrocommissions", illégales, elles- à destination du camp balladurien. Un rapport de la police du grand-duché, révélé par le site Mediapart, mentionne le nom de Nicolas Sarkozy et évoque, au sujet d'Heine, des "références qui font croire à une forme de rétrocommission pour payer des campagnes politiques en France". 
D'après Mediapart, un autre épisode intrigue les enquêteurs: le conflit financier qui aurait opposé Heine à l'Etat français entre 2004 et 2006. Afin d'éviter tout scandale avant la présidentielle de 2007, le litige aurait été résolu dans la discrétion, avec l'aval du ministre de l'Intérieur de l'époque: Nicolas Sarkozy."
article complet : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/karachi-sarkozy-en-premiere-ligne_940248.html




LES 2 AFFAIRES KARACHI
Rimbus, Mediapart
"Si l'affaire des rétrocommissions liées à la vente au Pakistan des sous-marins "Agosta" semble une piste plausible pour expliquer un financement occulte de la campagne présidentielle de Balladur en 1995 (ce serait donc la première affaire, française, le "Karachigate"), le lien est plus difficile à établir pour prouver que l'arrêt du versement des commissions liées à ces contrats par le nouveau président Chirac, en 1995, est directement responsable de l'attentat de Karachi de 2002.
Pourquoi ne pas envisager que l'attentat de Karachi pourrait être lié à d'autres affaires qu'Agosta, le but étant de frapper la France, et les salariés français de la DCN à Karachi étant la cible la plus facile à atteindre ? Ce serait donc une deuxième affaire Karachi, plus Pakistanaise.
Cette hypothèse pourrait être validée par la déclaration de Frédéric Bauer, l'homme chargé de stopper les commissions du réseau K, cité par Rue89 : « S'il y avait un lien entre les commissions et l'attentat, ce sont celles de Sawari. » Une piste qu'on retrouve à la page 106 du rapport parlementaire de Bernard Cazeneuve, selon le journal de Pierre Haski, et qui est aussi évoquée par Paris Match, de manière plus précise, en citant Cheikh Ali Bin Mussallam (propriétaire du palace parisien Le Prince de Galles à l'époque) comme victime numéro 1 de ce grand ménage. 
D’une part en raison des sommes en jeu, bien plus importantes dans Sawari 2 que dans Agosta. Ensuite parce que le Saoudien n’avait alors reçu qu’une partie de ses « frais commerciaux ». Tandis que Mercor Finance, la ­société panaméenne des intermédiaires du contrat pakistanais, avait déjà encaissé 85 % des commissions prévues. Autre élément à charge, Cheikh Ali est aussi cité par une note de l’administration américaine du Trésor qui le désigne comme l’un des pourvoyeurs de fonds d’Ous­sama Ben Laden quand celui-ci combattait contre les Russes en Afghanistan (on en déduit qu'il avait donc des contacts étroits avec des groupes susceptibles d'organiser un attentat à Karachi). 
Mais il y a d'autres affaires de vente d'arme au Pakistan, comme ce programme de vente de Mirage 2000 Dassault (initié par Chirac pour 15 milliards de francs, trois fois plus qu'Agosta) qui a aussi été l'objet de négociations en 1996 et de pots de vins (voir les détails rocambolesques du Point 08/96) et qui aurait été annulé suite à des pressions de l'Inde. L'armée Indienne étant équipée de ces même Mirage 2000 a eut un avantage tactique dans la guerre pakistano-indienne de 1999, lui permettant une victoire décisive. Une raison qui semble tout à fait justifiée pour que l'ISI décide de punir les Français, non ?
C'est à l'issue de cette défaite militaire que Pervez Musharraf prendra le pouvoir, et décidera de punir les bénéficiaires Pakistanais des commissions françaises...."
suite : http://www.mediapart.fr/club/blog/rimbus/271110/les-2-affaires-karachi







KARACHI : REVELATIONS SUR L'HOMME CLE DES COMMISSIONS
Le Parisien, N.J, 26.11.2010
Les fronts judiciaires se multiplient dans l’affaire Karachi. Désormais c’est une nouvelle juridiction qui s’y intéresse : les prud’hommes de Paris! Jean-Marie Boivin, présenté comme l’homme clé de montages financiers ayant permis le transfert des commissions et rétrocommissions en marge de la vente de sous-marins au Pakistan, attaque en effet son ex-employeur, la Direction des constructions navales (DCN). 
Il réclame notamment la somme de 80000 € au titre des frais d’avocats dépensés ces derniers mois sur ses fonds propres.
La DCN lui refuse tout soutien et affirme que Boivin aurait agi de son propre chef dans l’organisation des montages financiers occultes. Or, les documents que révèle « le Parisien » - « Aujourd’hui en France » semblent prouver qu’il a bel et bien agi sur ordre de la DCN.
Le rôle de Jean-Marie Boivin. Il a été mis en examen pour espionnage et corruption au début de l’été dans un des volets du dossier Karachi. Mais la justice s’intéresse plus particulièrement à lui pour sa gestion de deux sociétés luxembourgeoises, Heine et Eurolux. C’est par ces structures qu’auraient transité les millions d’euros de commissions liées à plusieurs contrats d’armement. Boivin assure qu’il n’a jamais agi pour son propre compte, mais pour celui de la DCN,..."
suite de l'article : http://www.leparisien.fr/attentat-de-karachi/karachi-revelations-sur-l-homme-cle-des-commissions-26-11-2010-1166366.php




LES RAMIFICATIONS SUISSES DE L'AFFAIRE KARACHI
Letemps.ch
"Lorsqu’est évoquée la corruption des élites pakistanaises, la Suisse n’est jamais bien loin. Durant dix ans, la justice genevoise a d’ailleurs enquêté sur un vaste réseau de sociétés destinées à enrichir l’actuel président Asif Ali Zardari. Ces investigations, réunies dans une centaine de classeurs fédéraux, ont aussi porté sur le fameux contrat Agosta du 21 septembre 1994 – la vente de trois sous-marins par Paris pour 826 millions d’euros – dont les possibles turpitudes se sont déjà transformées en un feuilleton à scandale pour la droite et pour Nicolas Sarkozy.
Les ramifications suisses de ce dossier remontent à 1997 et au dépôt d’une demande d’entraide pakistanaise. Les nouveaux maîtres d’Islamabad visent alors les comptes du clan déchu de la première ministre Benazir Bhutto et de son mari, Asif Ali Zardari, soupçonnés d’avoir octroyé des marchés publics contre de confortables commissions. La requête pakistanaise énumère une série de contrats problématiques. L’inspection de marchandises par des sociétés suisses, la vente de ­tracteurs par la firme polonaise Ursus, les sous-marins français et d’autres encore.
La liste initiale
A cette occasion, les autorités pakistanaises visent aussi nommément une série d’intermédiaires. Deux d’entre eux, Amir Lodhi et Abdulrahman El-Assir, des hommes d’affaires proches de la famille Bhutto, désormais au cœur des enquêtes françaises, sont sur cette liste initiale. Le fait que la corruption de fonctionnaires étrangers ne soit pas encore punissable à l’époque ne décourage en rien le Ministère public genevois, alors dirigé par le procureur général Bernard Bertossa, qui ouvre dans la foulée une enquête nationale pour blanchiment d’argent.
Menées avec opiniâtreté par le juge d’instruction Daniel Devaud, les investigations aboutiront au blocage de quelque 60 millions de dollars. Si l’enquête principale va ici se concentrer pour des raisons stratégiques sur le volet des commissions versées par les sociétés suisses SGS et Cotecna, d’autres tiroirs seront ouverts afin de récolter des informations sur le réseau de sociétés qui ont servi à ventiler les commissions liées à la vente des sous-marins...."

suite de l'article : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/74ec9b7e-f8dc-11df-b43d-c23b531657bf|0

Autres articles : 
10 QUESTIONS SUR L'AFFAIRE KARACHI, Slate




INTERVIEW FABRICE ARFI
FRANCE INFO, 23.11.2010