samedi 5 février 2011

[revue de presse] – [92] – [1 au 5 février 2011]



Le Monde.fr
Selon une source proche du dossier, l'ancien ministre François Léotard a fait part au juge Marc Trévidic, qui l'a entendu lundi 31 janvier dans l'enquête sur l'attentat de Karachi, de sa conviction d'avoir été placé sur écoute après l'élection deJacques Chirac en 1995. L'ancien ministre de la défense d'Edouard Balladur a été entendu comme témoin pendant plusieurs heures par le juge chargé de l'enquête sur l'attentat de mai 2002.
Le magistrat suit la piste d'un attentat qui aurait été organisé en réaction à l'arrêt du versement de commissions, décidé par Jacques Chirac en 1995, sur des contrats conclus par le gouvernement Balladur. Le successeur de François Léotard à la défense, Charles Millon, avait reconnu en novembre devant la justice que des membres du cabinet de M. Léotard avaient été placés sur écoute par la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Mais il avait précisé qu'"à [sa]connaissance" M. Léotard n'en faisait pas partie.
M. Chirac avait chargé certains services d'étudier à la loupe les contrats conclus par le gouvernement précédent, notamment par M. Léotard. Ces vérifications avaient fait naître des soupçons de "rétrocommissions" vers des décideurs français. Le juge chargé d'un autre volet de l'affaire Karachi, Renaud VanRuymbeke, avait demandé en novembre au premier ministre, François Fillon, de déclassifier le contenu des écoutes réalisées par la DGSE, mais celui-ci avait refusé, après un avis défavorable de la commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN).



Mediapart (payant), Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme
Les familles de victimes de l'attentat de Karachi demandent au juge Trévidic l'audition comme témoin de Jacques Chirac. Lundi, l'ancien ministre de la défense François Léotard avait affirmé, dans une déposition à laquelle Mediapart a eu accès, que l'arrêt décidé par M. Chirac du versement de commissions était sans doute lié à l'acte terroriste qui a coûté la vie à onze Français en mai 2002.



 

L'Alsace

« …Ils ont réitéré ce souhait dans un courrier de leur avocat Olivier Morice adressé à Marc Trévidic et publié jeudi par Mediapart et le Monde. 

«Il est indispensable à la manifestation de la vérité que M. Jacques Chirac puisse être entendu, en qualité de témoin, notamment vis-à-vis des accusations qui sont portées contre lui par M. François Léotard et sur les circonstances exactes ayant conduit à l´arrêt du versement de certaines commissions du contrat Agosta» de vente de sous-marins au Pakistan, écrit l´avocat. 
François Léotard a assuré lundi devant le juge Marc Trévidic que l´arrêt des commissions versées sur des contrats d´armement, décidé par Jacques Chirac, avait pu être le «détonateur» de l´attentat de Karachi en 2002, selon l´avocat des familles de victimes. 
En juin 2007, Jacques Chirac avait refusé de témoigner devant les juges instruisant l´affaire Clearstream, estimant qu´il ne pouvait «être contraint à fournir un témoignage sur des faits accomplis ou connus durant son mandat». 
En novembre, l´avocat des familles de victimes avait déclaré qu´il demanderait l´audition de M. Chirac dans le cadre du volet financier de l´enquête sur Karachi instruit par le juge Renaud van Ruymbeke. 
François Léotard a également assuré lundi au juge Trévidic que les commissions versées sur le contrat Agosta n´avaient pas donné lieu au versement de rétrocommissions vers la France. 
La justice s´interroge sur l´existence d´éventuelles rétrocommissions liées à la vente de sous-marins au Pakistan qui auraient été destinées au financement de la campagne présidentielle de l´ex-Premier ministre Edouard Balladur. 
Fin 2010, l´ancien Premier ministre Dominique de Villepin, secrétaire général de l´Elysée au moment de la décision de M. Chirac d´interrompre les commissions, avait exclu tout lien avec l´attentat et assuré que l´arrêt des commissions avait été décidé en raison de soupçons de rétrocommissions sur certains contrats d´armement. »



AFP / VIdeo
La cour d'appel de Paris a refusé lundi 31 janvier la constitution de partie civile de familles de victimes de l'attentat de Karachi au Pakistan en mai 2002 dans le volet qui concerne des soupçons de corruption sur un contrat d'armement franco-pakistanais conclu en 1994.




France Info

"François Léotard "est au centre" de l'affaire des rétro-commissions, affirme Eva Joly. "Il y a une crainte à ce que le juge Van Ruymbeke arrive à remonter les montants et la distribution des rétro-commissions qui sont revenues en France, et qui ont bénéficié (...) aux forces politiques françaises", explique l'ancienne magistrate spécialiste des délits financiers.


"Je n'ai pas arrêté de dénoncer les entraves de la justice dans l'affaire Karachi. Lorsque Nicolas Sarkozy voulait supprimer le juge d'instruction, j'avais dit que c'était l'enquête Karachi qui lui faisait peur et qu'il était urgent pour lui de reprendre le contrôle", poursuit Eva Joly. 

"Est-ce qu'il y a eu des rétro-commissions, de quel montant et qui a pu en bénéficier ? Nous voyons bien que la justice essaye d'arrêter cette enquête parce qu'elle concerne, pas seulement Léotard, mais aussi Nicolas Sarkozy", martèle Eva Joly."






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TSR