jeudi 28 juillet 2011

[revue de presse] - [104] - [20-28 juillet 2011]

Pourquoi le feuilleton Takieddine ne prend pas dans les médias ? C'est la question que pose Arret sur Images. En effet, on peut trouver surprenant que les rédactions de nos chaines d'information continue s'étalent à longueur de journée sur les atermoiements d'une Tristane Banon dont tout le monde se contrefout, où s'indignent de l'âge de la compagne d'un député socialiste et fassent si peu de cas des dernières révélations de Médiapart assorties de leurs documents et guignolesques photos de pontes UMP. Le blog est là pour ça, mais nous n'avons pas la même audience... Je n'ai donc pas trouvé un seul sujet vidéo réalisé en juillet parmi les milliers d'heures d'infos télé consacré aux révélations de Mediapart !

Publications de la semaine passée groupées en thématiques.

1 / AUTOUR DU KARACHIGATE

Mediapart, Fabrice Arfi et Karl Laske. 21/07/2011

"Rétrocommissions, fraude fiscale, diplomatie secrète: la menace d'une affaire Takieddine se précise pour le pouvoir. Deux initiatives parlementaires viennent d'être prises par des responsables socialistes à la suite des révélations de Mediapart sur le marchand d'armes et homme d'affaires Ziad Takieddine, financier de l'ombre au cœur du système Sarkozy.

Dans le même temps, l'avocate de l'homme d'affaires franco-libanais, Isabelle Thomas Werner, a fait savoir à l'hebdomadaire Paris Match que son client ne déposerait pas plainte après la publication de nos informations, notamment au sujet des soupçons de fraude fiscale qui pèsent sur le millionnaire.

Mediapart fait le point sur les enjeux politiques, fiscaux et judiciaires de l'affaire.

A l'abri du fisc
Dans le volet fiscal du dossier, le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac (PS), a fait savoir, mercredi 20 juillet, à l'Agence France-Presse (AFP), qu'il avait l'intention «d'exercer son pouvoir de contrôle» s'agissant de la situation de Ziad Takieddine.

Dans un article publié le 12 juillet, Mediapart révélait en effet que le principal suspect du volet financier de l'affaire Karachi ne paie pas d'impôt sur le revenu, ni d'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), alors qu'il est propriétaire d'un patrimoine estimé à près de 100 millions d'euros, dont plus de 40 millions sont localisés en France.

Documents à l'appui, nous dévoilions également comment M. Takieddine avait constitué au fil des ans une organisation financière occulte, via un nuage de sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux, afin de dissimuler ses revenus (tirés essentiellement de commissions sur des ventes d'armes et de grands contrats) et ses biens personnels à l'administration fiscale.

Or, il se trouve que son patrimoine français, composé d'appartements de luxe, de villas ou d'un yacht de 24 mètres (La Diva), des hommes politiques comme Jean-François Copé, actuel patron de l'UMP, ou Brice Hortefeux, ancien ministre de l'intérieur, le connaissent bien, ainsi que le prouvent des photos diffusées ces derniers jours par Mediapart.

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, avait alors demandé des«éclaircissements» à la ministre du budget, Valérie Pécresse, sur le cas Takieddine. La ministre a refusé de répondre, invoquant le secret fiscal. Mais elle a indiqué dans un communiqué que la mise en œuvre des contrôles fiscaux était de la compétence de la Direction générale des finances publiques (DGFP), ajoutant que la commission des finances de l'Assemblée nationale avait les moyens de s'assurer que l'administration fiscale remplissait «effectivement ses missions y compris dans le contrôle des situations individuelles».

Le député Jérôme Cahuzac a donc saisi la balle au bond, même s'il a déclaré à l'AFP qu'il ne pouvait pas s'exprimer sur le fond du dossier. Toujours au nom du respect du secret fiscal. Le parlementaire a toutefois ajouté: «A ma connaissance, les documents publiés par Mediapart n'ont pas été démentis par l'intéressé.» Ce qui est exact. 

Parallèlement, un autre député PS, Olivier Dussopt, par ailleurs porte-parole de campagne de Martine Aubry dans la course aux primaires, a envoyé le 20 juillet une question écrite au gouvernement, publiée au Journal officiel. Dans sa requête adressée à la ministre du budget, le député demande «s'il est possible pour un contribuable dont la patrimoine en France s'élèverait à plusieurs dizaines de millions d'euros, d'être exonéré du paiement de tout impôt en France, notamment grâce à des montages financiers offshore».

Il ajoute: «Selon les informations et les documents extrêmement précis qui ont été diffusés sur Internet, il paraît peu probable d'envisager que ce patrimoine ait été dissimulé. De nombreux responsables publics en auraient eu connaissance. A l'heure où il est sans cesse demandé des efforts aux Français, et souvent aux plus modestes, il paraît incompréhensible qu'une telle situation fiscale puisse exister et perdurer.»

[...]

La menace judiciaire
En attendant, la justice enquête déjà sur Ziad Takieddine. En décembre, Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont été saisis d'une information judiciaire portant sur les marchés des frégates Sawari 2 vendues à l'Arabie et des sous-marins Agosta au Pakistan. Leur enquête porte sur les commissions versées, mais surtout les éventuels retours – les rétrocommisssions – qui auraient alimenté un financement politique occulte en France.

Plusieurs témoins et de hauts responsables de l'armement ont déjà souligné le rôle central de Ziad Takieddine dans la signature de ces contrats en 1994 et l'éventuel financement de la campagne de Balladur au moyen des commissions.

Ces premiers témoignages ont été livrés devant un autre magistrat, le juge antiterroriste Marc Trévidic, chargé d'enquêter sur l'attentat de Karachi qui a visé les employés de la Direction des constructions navales (DCN), lors de la livraison des sous-marins au Pakistan, en 2002. Ils ont été confirmés par l'enquête du juge Van Ruymbeke.

La remise en cause des contrats accordés aux intermédiaires par Jacques Chirac, en 1996, a provoqué des contentieux et des règlements de comptes multiples entre hommes de l'ombre. Alors qu'il conteste – malgré les preuves – son rôle dans le contrat pakistanais, M. Takieddine a engagé fin 1996 un arbitrage international pour obtenir son dû dans l'affaire Sawari 2 (frégates saoudiennes).

Selon des documents en notre possession, il a finalement reçu 91 millions d'euros sur ce contrat entre 1997 et 1998. Ce qui explique l'ampleur de sa fortune, dès cette époque.

Au centre du dispositif
Plutôt partie sur les années 1994 et 1995, l'enquête judiciaire a montré les liens de M. Takieddine avec François Léotard (ministre de la défense entre 1993 et 1995), son conseiller Renaud Donnedieu de Vabres et Nicolas Bazire (ancien directeur de cabinet et de campagne d'Edouard Balladur). N'ayant jamais perdu le contact avec les ex-balladuriens, le marchand d'armes les réunit à sa table à partir de 2002, dès le retour au pouvoir de leur chef de file, Nicolas Sarkozy, au ministère de l'intérieur.

Le clan est présent tout entier: Brice Hortefeux, Thierry Gaubert, Pierre Charon, Renaud Donnedieu de Vabres, rejoint par Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement et brièvement ministre délégué à l'intérieur. Invitations, voyages offerts ou « avoirs » à l'agence de voyage utilisée par M. Takieddine, peuvent légitimement intriguer.

Dès nos premières révélations, Me Olivier Morice, l'avocat des familles des victimes de Karachi, a demandé officiellement l'audition de Brice Hortefeux et Jean-François Copé. Les juges étant chargés d'enquêter sur les recels d'abus de biens sociaux – constitués par les commissions distribuées –, ils sont aussi saisis de l'usage fait de ces mêmes fonds.

L'homme du Président
Le « relationnel » déployé par M. Takieddine n'est pas seulement une préoccupation commerciale. L'homme d'affaires s'est replacé, comme en 1994-1995, au centre du dispositif ministériel du futur candidat à la présidentielle, cette fois Nicolas Sarkozy. Selon les documents en notre possession, il obtient par exemple du ministre un  protocole prévoyant le versement par Civipol, société de matériels de sécurité de la place Beauvau, d'une commission de 350 millions d'euros pour un marché en Arabie (contrat Miksa).

Finalement abandonné sur injonction de l'Elysée, ce contrat serait tombé sous le coup de la loi du 30 juin 2000 qui a prohibé en France le versement de commissions et qui sanctionne de dix ans de prison la corruption d'agents publics étrangers.

L'instrumentalisation de Civipol, telle qu'elle apparaît dans nos documents, rappelle le précédent de la Sofremi, société jumelle de Civipol, qui, sous Charles Pasqua, avait employé plusieurs intermédiaires mis en cause pour avoir versé des rétrocommissions. Jugé par la Cour de justice ( CJR), Charles Pasqua a été condamné en avril 2010 à un an de prison avec sursis pour « complicité d'abus de biens sociaux et complicité de recel » dans l'affaire de la Sofremi – condamnation confirmée après le rejet de son pourvoi en cassation.

Les notes de Takieddine au cabinet de Nicolas Sarkozy, dont nous avons commencé la publication, mettent au jour ses directives secrètes. Elles laissent percevoir des enjeux diplomatiques et financiers. Et il est absolument clair que la chasse aux contrats à laquelle se livrait M. Takieddine n'était pas désintéressée.

Nos prochains articles consacrés à la Libye montreront sur quelles bases se sont renouées, sous la houlette du marchand d'armes du clan Sarkozy, les relations franco-libyennes.

L'Express 21/07/2011

"Le président de la commission des Finances de l'Assemblée Jérôme Cahuzac a déclaré mercredi qu'il avait "l'intention d'exercer son pouvoir de contrôle" sur le cas du marchand d'armes millionnaire Ziad Takieddine, qui selon Mediapart ne paierait pas d'impôts en France. 
Saisi par le PS d'une demande d'"éclaircissements" sur la situation fiscale de cet homme d'affaires libanais - par ailleurs soupçonné d'avoir joué un rôle clé dans le volet financier de l'affaire Karachi - la ministre du Budget Valérie Pécresse avait opposé une fin de non-recevoir, au nom du secret fiscal. 
Elle a également rappelé que la mise en oeuvre des contrôles fiscaux était du ressort de la direction générale des finances publiques (DGFP) et précisé que le président et le rapporteur général de la commission des Finances de l'Assemblée pouvaient s'assurer que cette direction remplissait "effectivement ses missions y compris dans le contrôle des situations individuelles". 
Or selon une source proche du dossier, Ziad Takieddine ferait déjà l'objet d'un contrôle fiscal depuis novembre 2010. 
Interrogé sur ce dossier, Jérôme Cahuzac a déclaré qu'il ne pouvait pas s'exprimer sur le fond. "La ministre du Budget sait parfaitement que la contrepartie du fait que je peux tout savoir est que je ne peux rien dire", a-t-il déclaré. 
En revanche, il a affirmé avoir "bien l'intention d'exercer (son) pouvoir de contrôle dans ce dossier". Il a aussi noté qu'"à (sa) connaissance les documents publiés par Mediapart n'ont pas été démentis par l'intéressé"...."



Mediapart, Fabrice Arfi, karl Laske 20/07/2011
"Le marchand d'armes Ziad Takieddine doit sûrement sa vie au clan Sarkozy. En avril 2004, Thierry Gaubert, ancien collaborateur et ami intime du chef de l'Etat, et Jean-François Copé, ministre délégué auprès de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, ont organisé l'hospitalisation et le rapatriement d'urgence à Paris du principal suspect du volet financier de l'affaire Karachi. Il venait d'être victime d'un mystérieux accident sur l'île Moustique, où il était en vacances. Cette intervention, dont Mediapart révèle aujourd'hui le détail, est signalée dans des notes personnelles de M. Takieddine, que nous nous sommes procurées. Plusieurs témoignages recueillis ces derniers jours en confirment par ailleurs la teneur.

Selon M. Takieddine, l'accident survenu le 20 avril 2004, au moment où il tentait de faire signer un gigantesque marché d'armement entre le ministère de l'intérieur et l'Arabie saoudite – le contrat Miksa (notre enquête à ce sujet est ici) –, serait en réalité une tentative d'assassinat.

C'est ce qu'il a expliqué au Journal du Dimanche, en mai 2010, en annonçant même le dépôt d'une plainte. «En avril 2004, j'ai eu un accident de voiture très bizarre en rentrant de la plage à Moustique. Je ne me souviens de rien, j'ai été dans le coma, donné pour mort. Depuis, on m'a montré une note des services de renseignement indiquant qu'on avait voulu m'assassiner», déclarait-il.

Ce qu'il n'avait pas raconté, c'était l'intervention du clan Sarkozy auprès de lui et de ses proches pour lui éviter la fin.

Ziad Takieddine était arrivé le 11 avril 2004 à la Barbade, dans les Petites Antilles, avec sa famille. Après une nuit dans un palace local, le Cobblers Cove, il s'envole pour l'île Moustique, situé dans l'archipel des Grenadines, où une superbe villa lui a été réservée par l'un de ses amis, le marchand d'armes Abdul Rahman El-Assir. Ce dernier, basé en Espagne, a été associé avec Ziad Takieddine dans le contrat de vente des sous-marins conclu avec le Pakistan en 1994 par le gouvernement Balladur.

Un marché d'armement qui fait désormais l'objet d'une enquête financière confiée au juge Renaud Van Ruymbeke.

[...]

Vers 13h30, ce 20 avril, alors qu'il rentre de la plage, au volant d'une Polaris Ranger (une voiturette 4×4), Ziad Takieddine perd le contrôle de son véhicule. Il est éjecté. Son véhicule quitte la route et se retourne une trentaine de mètres plus loin. Le marchand d'armes est conduit à la clinique de l'île Moustique, où l'on diagnostique une fracture du crâne avec une hémorragie auriculaire. L'évacuation sur l'hôpital de la Barbade est immédiatement décidée.
Thierry Gaubert, Dominique Desseigne et Ziad Takieddine sur le yacht de ce dernier.© Mediapart

Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly et au ministère du budget (1993-1995), aujourd'hui reconverti dans le secteur bancaire, est prévenu de l'accident en temps réel par un ami, qui séjourne à Moustique. «J'appelle immédiatement l'épouse de Ziad, qui me confirme les faits», raconte à Mediapart M. Gaubert, récemment perquisitionné par le juge Van Ruymbeke.

Thierry Gaubert décide alors d'appeler un autre ami du couple, haut placé de surcroît: Jean-François Copé, que l'on peut voir en compagnie de Ziad Takieddine (tout comme M. Gaubert, d'ailleurs) sur plusieurs clichés publiés par Mediapart. Jean-François Copé est alors porte-parole du gouvernement, et depuis un mois ministre délégué auprès du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy.

L'actuel patron de l'UMP s'occupe de tout pour sauver la vie de son ami marchand d'armes et esthète de la dissimulation fiscale. Il envoie l'une de ses connaissances, neurochirurgien, sur place. Le Dr Didier G. arrive en avion privé vers minuit, sur l'île de la Barbade.

A l'hôpital Queen Elisabeth, un scanner révèle «un large hématome temporal côté gauche». L'opération est décidée. Une «craniotomie» est réalisée par les médecins pour drainer l'hémorragie. «A la demande de Jean-François Copé, un médecin français nommé Didier G., en vacances à Saint-Martin, est arrivé après cette intervention chirurgicale qui m'a sauvé», notera M. Takieddine dans une synthèse des événements.

Contacté par Mediapart, le secrétariat du leader du parti présidentiel a eu pour seule réponse: «Nous n'avons rien de plus à ajouter puisque vous avez tous les éléments

Une tentative d'assassinat ?

Alors que Ziad Takieddine est plongé dans un coma artificiel, le Dr G. et Jean-François Copé organisent son rapatriement à Paris, via Fort-de-France (Martinique). L'arrière d'un avion de ligne est médicalisé. Une ambulance attend Ziad Takieddine sur le tarmac de l'aéroport d'Orly, où il est immédiatement transporté à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

C'est à Paris que les premiers doutes sur la réalité de l'accident se font jour. Un médecin du service de réanimation de la Pitié-Salpêtrière fait savoir à l'entourage du marchand d'armes que «ses blessures ne correspondent pas à celles d'un accidenté de la route. Il n'a rien de cassé sauf le crâne. C'est comme s'il avait été frappé par derrière».

Ziad Takieddine reste quinze jours en réanimation. Mais dès qu'il en sort, ses proches décident de placer des gardes du corps de la société Surveillor auprès de lui, 24h sur 24, à l'hôpital. D'après des témoignages recueillis par Mediapart, ce serait Thierry Gaubert qui aurait, une fois de plus, joué les entremetteurs. Ce que l'intéressé dément: «Ni de près ni de loin. Jamais.» 

En revanche, l'ami du président confirme les soupçons de Ziad Takieddine concernant une tentative d'assassinat. «Oui, il m'en avait parlé. Il m'a parlé aussi de l'existence d'un rapport des services de renseignements qui évoquerait tout cela. Mais je n'y crois pas tellement. Si on veut tuer quelqu'un, c'est bizarre d'envoyer des gens si loin. On le fait plutôt dans une grande ville, à Paris, à Londres..., non ?», confie Thierry Gaubert.

Peu explicite sur les commanditaires de la «tentative d'assassinat» dont il estime avoir été victime, Ziad Takieddine s'est plaint des conditions dans lesquelles les chiraquiens s'étaient opposés, début 2004, à la signature par le ministère de l'intérieur du contrat Miksa de surveillance des frontières de l'Arabie saoudite. Un contrat dont il espérait 350 millions d'euros de commissions – en vertu de conventions secrètes avec Civipol, la société du ministère de l'intérieur – comme Mediapart l'a révélé documents à l'appui.

«L'Elysée est entré dans une rage folle, s'est plaint M. Takieddine au Journal du Dimanche, en mai 2010. Claude Guéant a eu ordre de ne pas retourner en Arabie saoudite.» Le marchand d'armes prétend qu'il aurait reçu, début 2004, la visite du général Philippe Rondot, alors coordinateur français du renseignement au ministère de la défense, pour lui «proposer un partage des commissions entre chiraquiens et sarkozystes». «S'il y a partage, le président ne s'y opposera pas», lui aurait dit le militaire. Le général Rondot a formellement démenti ces allégations en septembre 2010.

Mais, vraies ou fausses, les accusations de M. Takieddine témoignent de la violence de la lutte entre chiraquiens et sarkozystes au sujet des marchés d'armement. Malgré son accident, M. Takieddine saura reprendre la main."


2 / LE SILENCE DES MEDIAS

Le Post, Richard Trois 21/07/2011
"... Mais ce qui frappe, c'est la "retenue" effarante de la radio sur une affaire vraiment politique. La veille du 14 juillet, MediaPart nous apprenait en effet, les liens étroits qui lient le clan Sarkozy à l'intermédiaire en contrat d'armement Ziad Takieddine. 
MediaPart décrit Ziad Takieddine comme le "principal suspect dans le volet financier de l’affaire Karachi", du nom de la ville où 14 personnes ont été tuées dans un attentat, dont 11 employés de la Direction des Constructions Navales. Un attentat que la justice soupçonne aujourd'hui qu'il ait été motivé par le non-versement de commissions occultes.

[...]

Les auditeurs et citoyens auraient apprécié de savoir ce que pense Jean-François Copé, ancien ministre du Budget, des nombreuses révélations de Mediapart, lui qui apparaît souvent dans les photos publiées par Mediapart en compagnie de Ziad Takieddine.

D'autant que l'affaire prend une dimension nationale. Deux initiatives parlementaires viennent d'être prises pour enquêter sur le rôle de l'intermédiaire, "financier de l'ombre au cœur du système Sarkozy".

Entre la Une détestable du Figaro et cette interview complaisante, aux mots pourris enveloppés de bienséance, on peut se demander ce que devient le journalisme en France. Ecrasé sous le rouleau compresseur de l'Argent Roi, principal soutien du système Sarkozy ?"


Arret sur Images, Dan Israel 25/07/2011

"Résumés en quelques lignes, les cinq articles que Mediapart a publiés sur Ziad Takieddine, sont impressionnants: l'homme suspecté d'être au coeur du financement illégal de la campagne d'Edouard Balladur en 1995 est, ou a été, un bon ami de Jean-François Copé et Brice Hortefeux. Il les a plusieurs fois accueillis dans ses propriétés ou sur son bateau, prenant parfois à sa charge les frais de séjour, alors même qu'il se débrouillait pour ne payer aucun impôt en France. Il a aussi directement été en affaire avec le cabinet de Sarkozy, en contribuant en partie à la libération des infirmières bulgares en 2007, mais aussi en négociant au nom du ministère de l'Intérieur en 2003 des commissions dans un contrat d'armement (finalement annulé) avec l'Arabie saoudite. Ce qui est illégal. Enfin, ses comptes laissent apparaître de mystérieux "paiements secrets", qui pourraient avoir servi à financer des hommes politiques.

Pour autant, ces informations ont rencontré peu d'écho dans la presse. Le premier épisode des révélations de Mediapart, publié le 10 juillet, avait pourtant de quoi allécher des journalistes non spécialisés, puisqu'il était accompagné de photos jusqu'alors inconnues, montrant Copé et Hortefeux en vacances, dans des tenues parfois assez ridicules, avec, et chez Takieddine. Copé dans la piscine d'un intermédiaire sulfureux, joli cliché !
[...]
Aussitôt l'article de Mediapart publié, Olivier Morice, avocat d'une partie des familles des victimes de l'attentat, a demandé que Copé et Hortefeux soient entendus sur leurs relations avec Takieddine. L'information a été relayée par une dépêche AFP… et pas grand-chose d'autre. Une courte reprise dans Libération, un suivi un peu plus détaillé sur LeMonde.fr ou le site de 20 minutes et un écho sur le site du Nouvel Observateur qui indique qu'Hortefeux sera bientôt entendu. C'est maigre, surtout au vu de la façon dont étaient reprises les infos du site dans l'affaire Bettencourt. Cette fois, rien qui ébranle la République au cœur de l'été. 
[...]
LES QUOTIDIENS IGNORENT LES ARTICLES DE MEDIAPART
La suite du feuilleton n'a pas vraiment retenu plus l'attention. Que ce soit sur le rôle actif mené par Takieddine dans la négociation du contrat avec l'Arabie saoudite, l'enquête du site évoquant même, en passant seulement, 11,8 millions d’euros de "paiements secrets" entre 2003 et 2008 ; sur le mystérieux accident de voiture du Libanais sur l'île Moustique en 2004, où il n'a dû la vie sauve qu'à la mobilisation de son ami Copé ; ou sur le rôle de Takieddine dans la libération des infirmières bulgares et les négociations menées pour éviter des ennuis judiciaires à Abdallah Senoussi, patron des services spéciaux libyens et beau-frère de Kadhafi, condamné en 1999 à la prison à perpétuité en France pour l'attentat contre le DC10 d'UTA.
Le seul épisode ayant fait un peu de bruit est la révélation que "le marchand d'armes de la Sarkozie" ne paye pas d'impôts, "alors qu'il est propriétaire, en France, d'un patrimoine estimé à plus de 40 millions d'euros". Comme dans chacun des articles de la série, Mediapart dispose d'éléments solides : les déclarations d'impôts de Takieddine de 2002 à 2007, plus celle de 2009, et une déclaration de patrimoine destinée à une banque, signée de sa main. Le montage financier est plus qu'astucieux, entre entreprises basées dans des places financières offshore et des propriétés luxueuses au nom d'hommes de paille.
Mediapart écrit : "Selon nos informations, plusieurs inspecteurs et contrôleurs ont engagé des vérifications sur le contribuable Takieddine entre 2004 et 2005. Sans suite à ce jour."

Voilà qui est fort embarrassant pour Jean-François Copé, ministre du budget de novembre 2004 à mai 2007. D'autant qu'en 2004, les comptes de Takieddine, consultés par Médiapart, faisaient apparaître un "avoir" de 19 000 euros de l'homme d'affaires en faveur du politique ! Copé a refusé de répondre au site d'infos, invoquant le secret fiscal. Mais le porte-parole du PS Benoît Hamon a demandé des "éclaircissements" à la ministre du Budget, Valérie Pécresse, qui s'est elle aussi retranchée derrière le secret fiscal, et Jérôme Cahuzac, président (socialiste) de la Commission des finances de l'Assemblée a indiqué qu'il allait exercer son "pouvoir de contrôle" sur le cas de ce contribuable bien particulier. Là aussi, l'AFP fait une dépêche, et LeMonde.fr, LePoint.fr et L'Express.frreprennent l'info
Mais en dehors de ces échanges assez convenus entre politiques, pas d'articles qui puissent empêcher de dormir Guéant, Sarkozy ou Copé. 

[...]
A titre individuel, plusieurs journalistes de la rédaction s'en sont émus sur Twitter : Michael Hajdenberg, mais aussi Fabrice Arfi, co-auteur des articles avec Karl Laske, ou le fondateur du site Edwy Plenel.
D'autres journalistes s'interrogent , comme Patrick Jarreau, ancien rédacteur en chef politique au Monde. Même s'il est toujours compliqué de comprendre pourquoi un sujet enflamme la sphère médiatique ou, au contraire, la laisse indifférente, on peut essayer d'apporter plusieurs explications à ce relatif flop de Mediapart.

PREMIER ÉPISODE FLOU
D'abord, pour un non spécialiste, qu'il soit simple lecteur ou journaliste généraliste désireux de reprendre les informations, le milieu décrit par Mediapart est assez nébuleux. Takieddine est un inconnu du grand public et, même s'il est proche du pouvoir, n'est qu'un intermédiaire. Et le premier article de Mediapart, qui est en fait une présentation de la série (même s'il ne se présente pas comme tel), n'aide pas à comprendre qui il est. Les photos de Copé et Hortefeux en short et de Takieddine lunettes de soleil sur le nez sont incontestablement l'élément le plus fort pour atteindre le grand public. Elles sont donc disséminées dans ce premier article, mais en elles-mêmes, ne disent rien. C'est seulement lorsqu'on sait qui est Takieddine qu'elles prennent un sens.
Or, les premiers paragraphes présentent de manière allusive cet homme d'affaires libanais, "connu pour être le principal suspect dans le volet financier de l’affaire Karachi". Il faut descendre en bas de la première page pour comprendre qu'il est désigné aux juges comme "«l’intermédiaire imposé par le pouvoir balladurien» dans les marchés d'armement suspects". Et encore, cette phrase apparaît dans un paragraphe consacré à Thierry Gaubert, l'ex-collaborateur de Sarkozy récemment perquisitionné. Ce premier article ne pose donc pas clairement les choses, d'autant qu'il présente les enquêtes qui vont suivre par petits bouts, d'une façon parcellaireguère évidente à suivre. Les choses ont peut-être un peu mal commencé. Ce qu'ont sans doute compris les journalistes de Mediapart, puisque le 21 juillet, ils ont rassemblé les éléments révélés par leurs trois premiers articles dans un seul texte, ramassé et plus percutant, accessible gratuitement.
[...] Presque au même moment Rue89 publie une synthèse claire des révélations, et après le nouvel article de Mediapart, un article plus long et résumant bien les enquêtes de Mediapart paraît finalement sur Liberation.fr. Mais toujours rien dans les médias traditionnels. Et pourtant, on ne peut pas imaginer que les journalistes habitués des affaires politico-financières aient eu du mal à comprendre des textes denses, sur des sujets opaques pour les néophytes...

DE SIMPLES "ÉLÉMENTS DE CONTEXTE" ?
Pour comprendre pourquoi, @si a interrogé plusieurs journalistes spécialisés. Seul Gérard Davet, du Monde, a accepté de répondre en "on", mais son avis rejoint celui de ses collègues restés anonymes : "Je lis avec attention les articles de Mediapart, bien sûr intéressants. C'est un bon travail d'enquête, c'est très bien qu'ils le fassent. Nous avons traité les diverses informations sur notre site, parce que LeMonde.fr traite du "flux". En revanche, nous avons choisi de ne pas le faire dans les pages du journal papier, parce que nous estimons que les informations apportées sont un excellent complément, de bons éléments de contexte, mais que la plupart de ce qui est évoqué était déjà connu, notamment grâce au livre de Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme."
Davet donne là la première explication avancée par les confrères de Mediapart : le site n'apporterait pas grand-chose de fondamentalement neuf par rapport au Contrat, le livre d'Arfi et Lhomme paru en mai 2010 sur le contrat Agosta (éd. Stock). Comme nous l'avions raconté, Takieddine y occupait une large place, bien qu'il démente (encore aujourd'hui) avoir travaillé sur ce contrat. Plusieurs pages y étaient par exemple consacrées à l'accident de Takieddine sur l'île Moustique. Des informations paraissent aussi, bien sûr, depuis longtemps sur Mediapart, qui a cité le nom de l'intermédiaire pour la première fois en 2008.
Le site a aussi déjà évoqué plusieurs éléments du feuilleton actuel, de façon certes un peu moins précise. Par exemple l'implication de Takieddine auprès de Kadhafi, dans un article de mars dernier. Et il est vrai que les médias se sont tous déjà penchés sur le cas Takieddine. France 2 par exemple, qui a fait savoir à un lecteur de Mediapart : "Nous avons consacré un dossier à M. Takieddine dans l'édition de 20h du 30 janvier dernier. Mediapart n'apporte rien de fondamentalement neuf."
Regardez en effet ce dossier, assez complet, de la Deux 

Devant ces réactions, Fabrice Arfi s'agace, et souligne que "la fraude fiscale de Takieddine était totalement inconnue". "Je suis sincèrement effaré, indique-t-il à @si. Que Libération ou Le Monde n'écrivent rien sur ce sujet me semble grave." Peut-être Mediapart aurait-il dû traiter cette information-là à part, parce qu'elle donnait un angle d'attaque simple aux autres médias ? "Il y a peut-être une accumulation d'info, qui peut brouiller le message. Mais notre travail touche à tellement de points différents que nous avons préféré le diviser en plusieurs points…", répond le journaliste. Il déplore "l'apathie générale de l'été médiatique", et pointe un argument effectivement avancé par ceux qui n'ont pas suivi Mediapart : "Ces affaires ne sont pas encore vraiment entrées dans des procédures judiciaires, Takieddine n'est pas mis en examen et n'a pas été visé par un acte judiciaire fort." Il a certes été entendu en avril 2010 par le juge Marc Trévidic, qui enquête sur l'attentat proprement dit, mais en tant que témoin, et a nié tout lien avec le contrat Agosta.

Alors que les autres journalistes interrogés par @si estiment que leur prudence est justifiée par le peu d'avancement de la procédure judiciaire contre le Libanais, Arfi s'indigne: "En France, on crtique le journalisme d'investigation parce qu'il dépendrait des PV d'interrogatoires, mais lorsque nous sortons des choses en-dehors des procédures judiciaires, on nous le reproche. Si Takieddine avait été mis en examen, il aurait eu une valeur journalistique, et tout le monde aurait embrayé. Ça n'a aucun sens." Autre option pour se faire entendre, selon le journaliste de Mediapart : attendre qu'un homme politique s'empare des révélations d'un média : "Si Martine Aubry ou Eva Joly avaient fait une déclaration, on aurait eu une dépêche AFP, puis la machine se serait enclenchée." Un état de fait qu'il déplore : "Il est apparemment compliqué pour nos confrères de se retrancher seulement derrière Mediapart pour sortir les infos. En France on attend toujours un tampon officiel pour se lancer, l'imprimatur de la justice ou de la parole politique."

QUERELLES PERSONNELLES
Ajoutons tout de même à ces réflexions qu'une des grosses pièces du dossier de Mediapart repose sur un événement qui n'a finalement pas eu lieu : les négociations autour du contrat d'armement Miksa avec l'Arabie saoudite. Takieddine "devait toucher en 2003 des commissions occultes d'un montant de 350 millions d'euros dans le cadre d'un marché d'armement avec l'Arabie saoudite, écrit le site. Les fonds devaient être versés, sous l'autorité de Nicolas Sarkozy, via une société contrôlée par le ministère de l'intérieur." Mais le contrat n'a jamais été signé : "Le 12 décembre 2003, ayant acquis la conviction que le contrat Miksa piloté par la place Beauvau masquait d'inavouables arrière-pensées, l'Elysée ordonne à Nicolas Sarkozy d'annuler son voyage prévu en Arabie saoudite, où il s'apprêtait à signer une version définitive du marché." C'est un autre argument avancé par les "investigateurs" extérieurs à Mediapart : difficile de "vendre" un fait qui n'a pas eu lieu.

Mais ces éléments d'explication ne suffisent sans doute pas. Mediapart paye peut-être aussi la volonté de faire des "coups" journalistiques. Dans plusieurs rédactions, on s'agace du "marketing agressif" du site mené par Edwy Plenel. C'est notable dans le seul article que Libé a consacré au feuilleton. Renaud Lecadre y parle de photos "rigolotes", et rappelle que son journal aussi a déjà sorti des scoops sur Takieddine et ses relations avec l'UMP, notamment en juin 2010.
Puis il évoque l'"habituelle partie de billard politico-médiatico-judiciaire" qui a vu M° Morice demander l'audition de Copé et Hortefeux juste après la publication du premier article. Façon de dire que Morice serait la source…
Pour Le Monde, Gérard Davet indique "qu'un feuilleton s'impose de lui-même si les informations sont assez fortes : si Mediapart montre que Takieddine a touché de l'argent dans le cadre d'un contrat et qu'une partie de cet argent est repassé sur un compte de campagne de Balladur, nous les reprendrons dans les dix secondes !"
Des échanges à fleuret moucheté qui s'expliquent aussi sans doute par des raisons toutes personnelles. Le nouveau membre de la cellule investigation du Monde, aux côté de Davet, n'est autre que Fabrice Lhomme, ancien comparse à Mediapart d'Arfi, avec qui il a notamment mené le travail sur l'affaire Bettencourt. Et Lhomme a été remplacé par Karl Laske, longtemps en charge des investigations politico-judiciaires à… Libé avec Renaud Lecadre. La concurrence naturelle des rédactions, qui travaillent toutes sur les mêmes affaires et rivalisent de scoops, ne s'arrange naturellement pas dans ces conditions, où chacun connaît son voisin, et nourrit envers lui des griefs plus ou moins affirmés.
Pour autant, Fabrice Arfi affirme ne pas être inquiet pour la suite : "Il y a bien un moment où cela va prendre, il va y avoir un déclic. Nous avons encore une petite dizaine d'articles sous le coude, et de nouvelles photos. Nous allons sans doute faire une pause en août, mais il suffira qu'un politique fasse une déclaration lors d'une université d'été ou que le juge Van Ruymbeke, qui est en vacances actuellement, effectue une perquisition, pour que tout se déclenche."

Mise à jour - 26 juillet : Karl Laske, l'autre auteur articles de Mediapart, nous a contacté après la publication de l'article. Il souhaitait souligner que, pour lui, le problème ne réside pas dans la non-reprise des révélations de Mediapart par des confrères. Mais il estime qu'un dysfonctionnement existe à partir du moment où les grands quotidiens ne reprennent pas une dépêche AFP faisant état d'un fait politique avéré, à savoir la réaction de Jérôme Cahuzac, qui dirige la Commission des finances de l'Assemblée. Il s'étonne aussi qu'en France, un politique comme Jean-François Copé puisse ne pas répondre à des questions précises (et gênantes) de journalistes, sans que cela pose le moindre problème."

3 / A CHERBOURG

Ouest France 27/07/2011
"Lors de sa visite à Cherbourg, le 17 juin, le ministre de la Défense avait affirmé qu'il était « hors de question d'envoyer des personnels français à Karachi dans l'état actuel des choses ».

Neuf ans après l'attentat, DCNS a renvoyé des salariés au Pakistan. B. Cazeneuve demande des explications au ministre de la Défense.

« Le traumatisme de l'attentat du 8 mai 2002, qui a coûté la vie à onze employés du groupe DCN dont 9 employés de l'Arsenal de Cherbourg, est encore dans toutes les mémoires », rappelle Bernard Cazeneuve dans une lettre adressée à Gérard Longuet, ministre de la Défense. Neuf ans après l'attentat, DCNS renvoie du personnel français à Karachi, afin d'honorer le contrat d'assistance technique sur les sous-marins Agosta.
La décision passe mal à Cherbourg. D'autant que DCNS, comme le ministre de la Défense, avaient affirmé il y a quelques semaines que la question n'était pas à l'ordre du jour.

Dans un premier temps, le constructeur aurait envoyé une petite équipe d'ingénieurs et de techniciens à Karachi, avant de missionner plus de personnels pour assurer la maintenance et la modernisation des trois sous-marins Agosta livrés par la France au Pakistan. Le chantier pourrait durer de 8 à 9 mois et nécessiterait la présence de plusieurs dizaines de salariés. « Pour des raisons de sécurité que nous comprenons, le groupe ne confirme ni le nombre de personnes ni la durée des séjours des personnels de DCNS qui sont partis ou vont partir à Karachi », explique Bernard Cazeneuve.

« Cette nouvelle mission au Pakistan s'annonce particulièrement délicate, car elle intervient au moment où une nouvelle vague de violence frappe ce pays ravagé par le terrorisme islamiste. À la fin du mois de mai, un double attentat a frappé plusieurs bases militaires faisant 80 morts. »

Il reprend : « Alors que vous avez récemment déclaré à Cherbourg, qu'aucun nouveau salarié français ne devait être envoyé à Karachi, nous nous interrogeons sur les conditions de sécurité dans lesquelles ces salariés ont été envoyés au Pakistan, sur le niveau d'information du ministère de la Défense et plus largement sur l'implication des services de l'État dans le dispositif de sécurité qui a été mis en place. »

Le député de Cherbourg demande donc au ministre de la Défense, de lui faire part des éléments de réponse dont il dispose."