dimanche 25 septembre 2011

[revue de presse] - [109] - [24-25 septembre 2011]

RÉSUME DES 2 DERNIERS JOURS / EURONEWS

1. HÉLÈNE DE YOUGOSLAVIE CONFIRME, 
BRICE HORTEFEUX MENT MAIS MENACE

Le Monde
"Dans un entretien accordé au Monde, Hélène de Yougoslavie, la femme de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, assure que son mari s'est rendu à de nombreuses reprises au début des années 1990 chercher de l'argent à Genève pour le remettre ensuite à Nicolas Bazire, alors directeur du cabinet et de la campagne présidentielle du premier ministre Edouard Balladur.

VIDEO : PORTRAIT D'HELENE DE YOUGOSLAVIE / BFM

....C'est donc à partir de cette période [la campagne présidentielle de 1995] que votre mari aurait effectué des voyages en Suisse pour y chercher des espèces ?
Oui. Il me disait régulièrement : " Je vais en Suisse chercher de l'argent ". Il passait systématiquement, à l'aller comme au retour, par Londres, afin me disait-il d'éviter des contrôles douaniers à la frontière franco-suisse.

Quand ont commencé ces voyages et quelle était leur fréquence ?
Il m'est difficile de les dater très précisément. Je suis certaine que cela a commencé au début des années 1990. Et il se rendait en Suisse environ une fois tous les deux mois.

Mais comment justifiait-il ces déplacements ?
Il ne me disait pas pourquoi, ne me parlait pas des montants ni ne me montrait les billets. Généralement, il les ramenait dans des petites sacoches.

A quel moment vous a-t-il parlé du ou des destinataires de cet argent ?
Il m'a dit un jour qu'il allait chercher ces espèces en Suisse pour les remettre à Nicolas Bazire.

Vous n'avez pas fait le lien avec la campagne de M. Balladur dont M. Bazire était le directeur ?
Non, pas du tout. Bien sûr, je trouvais ça un peu bizarre, mais il me répondait : "C'est comme ça. " Il m'a dit qu'il m'expliquerait plus tard.

Votre mari a-t-il cité d'autres noms de bénéficiaires des fonds ?
Non, seulement celui de Nicolas Bazire.

Il semble que votre mari ait été retirer l'argent, à Genève, en compagnie de Ziad Takieddine.
C'est exact. Parfois Thierry allait chercher l'argent seul, d'autres fois accompagné de M. Takieddine.

Pourquoi, après tout ce temps, avez-vous parlé à la police, le 8 septembre ?
Tout simplement parce que j'ai été convoquée ! Je me suis contentée de répondre aux questions des policiers. Ils m'ont montré des pièces me prouvant qu'ils savaient déjà beaucoup de choses. J'ai découvert à cette occasion des documents signés de ma main, je ne pouvais imaginer qu'ils étaient compromettants pour moi. Il s'est servi de moi pour ouvrir des comptes à l'étranger. J'ai pris conscience que mon mari m'avait trahie. C'est seulement lors de cette audition que j'ai découvert le lien avec le financement de Balladur, j'ai vraiment été écoeurée.

Avez-vous subi des pressions ?
Oui, beaucoup de pressions, et des menaces, émanant de mon mari. Cela a commencé après que sa maison a été perquisitionnée, au mois de juillet. Il s'attendait à ce que je sois convoquée par la police. Alors il m'a dit : "Si tu parles, tu ne verras plus les enfants. Si je coule, tu coules avec moi, car nous ne sommes pas divorcés. " Il ne fallait absolument pas que je parle des comptes à l'étranger et des remises d'argent.

AUDIO : HELENE DE YOUGOSLAVIE / EUROPE 1

Que s'est-il passé après votre audition ?
Déjà, durant l'audition, il m'inondait de textos ! Et puis, le 14 septembre, il m'appelle et me dit : "J'ai quelque chose à te donner, descends, je suis garé dans la rue. " Une fois dans la voiture, il m'a incendiée, il était furieux. "Qu'est-ce que tu as été raconter aux flics, il paraît que tu m'as balancé ? Tu es complètement folle, tu vas partir à l'asile. " J'ai compris qu'il avait eu des informations très précises sur ma déposition.

Propos recueillis par Raphaëlle Bacqué, Gérard Davet et Fabrice Lhomme


Autres Articles:
"Les enquêteurs ont mis la main sur des informations bancaires retrouvées lors de perquisitions au domicile de Thierry Gaubert. Ils y auraient trouvé le relevé d'un transfert de fonds de 10 millions de francs effectué entre un compte en Suisse et un paradis fiscal. Cette somme pourrait bien correspondre à l’argent qui aurait été versé illégalement sur les comptes de campagne d’Edouard Balladur en 1995."

VIDEO : OLIVIER MORICE, avocat des familles des victimes RTL MIDI 24.09.2011 


KARACHI : LE PARQUET OUVRE UNE ENQUÊTE POUR VIOLATION DU SECRET PROFESSIONNEL
NouvelObs
"...Le parquet explique sa décision d'ouvrir une enquête préliminaire "après avoir pris connaissance" des "comptes rendus d’écoutes téléphoniques réalisées sur le téléphone de l’un des mis en examen". L'enquête a été confiée à la police judiciaire.

Dans cette conversation du 14 septembre, Brice Hortefeux prévient Thierry Gaubert que sa femme "balançait beaucoup" au juge. Thierry Gaubert a été mis en examen le mercredi 21 septembre par le juge Renaud van Ruymbeke pour recel d'abus de biens sociaux dans le volet financier de l'affaire de Karachi.
L'ancien ministre UMP de l'Intérieur est soupçonné d'être intervenu pour prévenir un de ses amis, Thierry Gaubert, au moment de sa garde à vue. Dans un communiqué, il dément "catégoriquement avoir eu quelque information issue de la procédure judiciaire en cours" sur le volet financier du dossier Karachi. Brice Hortefeux se dit "étranger à 'l'affaire Karachi'" et ajoute avoir "décidé de porter plainte contre toute allégation mensongère et diffamatoire".

Brice Hortefeux a téléphoné à Thierry Gaubert juste avant sa garde à vue, et non pendant, comme il l'avait d'abord affirmé. L'avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi, Me Olivier Morice, s'est demandé si Brice Hortefeux n'avait pas eu accès à des éléments de la procédure.


Jeudi, Me Morice avait affirmé sur Canal+ que Brice Hortefeux avait été "en contact" avec Thierry Gaubert, pendant sa garde à vue suivie de sa mise en examen mercredi par le juge Renaud van Ruymbeke, dans le volet financier de l'affaire Karachi.

Brice Hortefeux a confirmé cet entretien téléphonique, ainsi qu'un autre le 14 septembre, qui s'appuie sur la retranscription d'écoutes. Mais il a démenti avoir eu accès au dossier d'instruction sur l'affaire Karachi. A-t-il eu vent des déclarations de la femme de Thierry Gaubert à la police ? Mystère. Le ministre affirme avoir été informé à la lecture du "Nouvel Observateur", ce que nous démentons.

Le nom de Brice Hortefeux apparaît en filigrane dans le dossier Karachi. D'abord en tant qu'ancien chef de la cellule "meetings" de la campagne d'Edouard Balladur. Puis en tant que relation de Ziad Takieddine, cet homme d'affaires franco-libanais soupçonné par la justice d'avoir permis le retour vers la France de commissions versées lors de marchés d'armement. Ces liens sont développés dans un dossier du "Nouvel Observateur", en kiosque actuellement, sur les affaires qui font peur à Nicolas Sarkozy.

Enfin, la police a mis sur écoute un téléphone de Thierry Gaubert, un ami de Nicolas Sarkozy mis en examen dans l'affaire Karachi. Et a capté une conversation entre sa fille, Nastasia, et un ami, David C.. "Hortefeux est trop dans la merde. (...) si Sarko il passe pas en 2012 euh..., vraiment, ils sont tous dans la merde", déclare Nastasia."

Autres articles :


VIDEO : RÉACTION O.MORICE / BFM / 24.09

2. LES RÉACTIONS POLITIQUES

Le Monde, Guillaume Frouin
"..."Actuellement, il y a trop d'amalgames, il y a trop d'approximations, il y a trop d'insinuations qui sont graves et qui pervertissent notre vie démocratique", a dit le ministre de l'Intérieur en marge d'un Congrès national des sapeurs-pompiers à Nantes (Loire-Atlantique). "Nous avons la chance d'avoir une justice en France, faisons-lui confiance et ne faisons pas les procès dans la presse ou les communiqués."

[....]

"Dans l'affaire de Karachi en particulier, il a dit (...) que le président n'était pas cité dans le dossier. Evidemment, il ne s'agissait pas du dossier judiciaire, mais du dossier administratif", a affirmé Claude Guéant.

"Dans le dossier administratif de l'affaire de Karachi, de Nicolas Sarkozy il n'apparaît qu'une seule chose : comme ministre du Budget, où il avait donné un avis défavorable à l'opération", a également déclaré le ministre de l'Intérieur."


Ouest France
"Eva Joly, candidate Europe-Ecologie Les Verts (EELV), ex-magistrate : «Dans les enquêtes que j’ai conduites j’ai été amenée à constater, poursuivre et condamner l’existence de ces circuits parallèles importants. Nous avons démontré à quel point les financement de chefs d’Etat Africains pouvaient être importants. A priori cela montre la probabilité des propos de M. Bourgi».

«Mais ce qui est encore plus important aujourd’hui et doit être mis en lumière ce sont les commissions payées et touchées par M. Takieddine qui remontent à 2007, cela concerne la dernière campagne et non plus celle de 1995. Ces affaires mettent en lumière l’importance d’un contrôle en temps réel car dans ces cas précis le contrôle a posteriori s’est révélé inefficace».


OuestFrance
Après que la Commission consultative du secret de la défense nationale a émis trois avis favorables à la déclassification de documents réclamés par les juges instruisant les dossiers Karachi, il appartient désormais au pouvoir exécutif de décider de lever ou non ce secret-défense», font valoir Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, et Bernard Cazeneuve, député-maire PS de Cherbourg, dans ce courrier transmis à l'AFP.

«Ce sont trois ministres de votre gouvernement - le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Défense et la ministre du Budget - qui peuvent maintenant prendre cette décision. Chef naturel de l'exécutif sous la Ve République, il est de votre responsabilité de veiller à ce que tous les ministères concernés collaborent avec la justice en permettant aux juges saisis de cette affaire d'accéder à ces documents sans lesquels la vérité ne pourrait être établie», ajoutent-ils.

Les députés PS avaient demandé de nouveau jeudi «la levée du secret-défense» dans l'enquête judiciaire sur l'attentat de Karachi, promettant de veiller «à ce que l'action de la justice ne soit pas entravée comme a pu l'être la mission d'information au Parlement»...."


3. LES BLOGS SE DÉCHAÎNENT

Voie Militante


4.CES MÉDIAS EMBARRASSES

Arret sur images
"...Selon une source interne à TF1, c'est bien l'intégralité du sujet qui a été diffusée, dans une version légèrement remaniée pour que le début colle à l'actualité. D'après nos informations, cette diffusion, réclamée par la Société des journalistes jeudi dans l'après-midi, avait été défendue dès mercredi soir lors de la réunion de fin de journal par Laurence Ferrari. L'annulation précipitée aurait pris tout le monde de court dans la rédaction, et semble avoir été décidée par la direction de la chaîne. Interrogé par le site Puremedias, le directeur de la rédaction, Antoine Guélaud, a tout de même tenté de faire bonne figure, en relativisant ce qui s'était passé. Avec une justification déconcertante : après visionnage, le sujet aurait été jugé "trop éloigné" de l'actualité du jour, marquée par la convocation par la justice de deux proches de Sarkozy, Nicolas Bazire (ancien directeur de campagne de Balladur et accessoirement témoin du mariage de Sarkozy et Carla Bruni) et Thierry Gaubert (ancien conseiller de Sarkozy).
Visiblement, ce reportage sans concession embarrassait la première chaîne. Sans doute parce que c'est la première fois que deux anciens membres du Conseil constitutionnel, Jacques Robert, mais surtout son président de l'époque Roland Dumas, censés incarner la République dans ce qu'elle a de plus probe, reconnaissent devant une caméra avoir fermé les yeux sur des irrégularités probables des comptes de Balladur. Une exclu TF1 donc... Sauf que ces interviews ne datent pas d'hier : le sujet de TF1 indique qu'elles ont été réalisées en décembre 2010, neuf mois plus tôt. Selon nos informations, elles n'avaient jamais été diffusées auparavant. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Pour ne pas diffuser largement des déclarations potentiellement explosives, et être le déclencheur d'une tempête politico-judiciaire ? Les mauvais esprits ne manqueront pas de le penser. D'après diverses déclarations recueillies par @si au sein du groupe TF1, cette enquête a en tout cas toujours été pensée comme un travail au long cours, à diffuser seulement après que l'enquête a été soigneusement bouclée, avec l'ensemble des témoignages et des documents nécessaires. Et l'actualité judiciaire qui s'accélère autour de cette campagne de 1995 aurait fourni le "prétexte" idéal pour la diffuser...."


France Infos, Céline Asselot
"...Comment une même information peut-elle être très importante dans un média, pas du tout dans un autre ? On a assisté cette semaine à des écarts spectaculaires, à propos du dernier rebondissement de l’affaire Karachi.

Depuis plusieurs années, une enquête est menée par le juge van Ruymbeke sur le volet financier de l’affaire Karachi : y a-t-il eu des rétrocommissions lors de cette vente d’armes ? Ont-elles servi à financer de manière occulte la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995 ? Cette semaine, coup de théâtre : deux hommes ont été mis en cause, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, deux proches de Nicolas Sarkozy. La nouvelle, que l’on apprend mercredi, fait le lendemain la Une de tous les journaux, qui évoquent les possibles conséquences politiques d’une telle annonce à quelques mois de l’échéance présidentielle. Tous les journaux... sauf deux : Le Figaro et Les Echos. Tous deux en parlent, mais pas en Une, uniquement dans un court article à l’intérieur du journal. C’est même page 10 dans le Figaro... 
En revanche, quand vendredi matin l’Elysée publie un communiqué pour démentir toute implication de Nicolas Sarkozy dans cette affaire, l’un des seuls journaux à mettre cette information en Une, c’est justement le Figaro qui titre en gros "l’Elysée dénonce une manipulation".

Alors, évidemment, les journaux font ce qu’ils veulent. Ils ont tout à fait le droit de privilégier une information plutôt qu’une autre. C’est leur liberté propre, c’est même ce qui fait la pluralité de la presse. Mais on peut quand même s’interroger sur les raisons d’une telle différence. "Le Figaro a toujours été conservateur, ce n’est pas une surprise. Mais depuis cinq ans, le journal est en campagne pour Nicolas Sarkozy" explique Patrick Eveno, historien des médias. "Là, il dissimule à ses lecteurs une information capitale. C’est un vrai problème.". 
En ce qui concerne Les Echos, l’explication est peut-être à chercher ailleurs : le journal appartient au groupe LVMH, qui compte parmi ses dirigeants... Nicolas Bazire, l’un des mis en cause...."

VIDÉO : OBSTRUCTION A LA JUSTICE OU SÉPARATION DES POUVOIRS / LCP