dimanche 9 octobre 2011

[revue de presse] - [112] - [2-9 octobre 2011]

André Sillam, Blog Nouvel Obs
Cette fin de semaine a vu un bras de fer, au micro d'Europe1,à un jour d'intervalle, entre Dominique de Villepin (Secrétaire Général de l'Elysée, jusqu'en mai 2002) et Ziad Takieddine (homme d'affaires franco-libanais), à propos du versement de rétro-commissions en 1995 dans le cadre de la campagne d'Edouard Balladur et du lien éventuel entre l'arrêt de leur versement et l'attentat de Karachi du 8 mai 2002.

1. Jeudi 6 octobre 2011, l'homme d'affaires Ziad Takieddine dénonçait un complot contre Nicolas Sarkozy et mettait en cause Dominique de Villepin : 1.1 "Je suis le premier qui va dénoncer ce complot et le prouver point par point à l’opinion française", a annoncé Ziad Takieddine. "C’est un complot contre le président de la République, avec les mêmes acteurs que l’affaire Clearstream. Sauf que cette fois ils vont devoir répondre d’actes criminels", a prévenu l’homme d’affaires libanais, avant de se montrer plus précis. "Celui qui doit répondre de ses actes sur l’ensemble du dossier, de 1996 à aujourd’hui, s’appelle Dominique de Villepin". 

[...]

2. vendredi 7 octobre 2011, toujours sur Europe1, 2.1 l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin : - a demandé à l'homme d'affaires Ziad Takieddine d'apporter des preuves à la justice dans le volet financier de l'affaire Karachi : "Il a des preuves ? Qu’il les apporte à la justice. C’est à la justice d’apprécier des choses". - a tenu à préciser que Jacques Chirac a ordonné la fin du versement des commissions dans le contrat de vente de sous-marins au Pakistan sans rien connaître d'éventuelles rétro-commissions en faveur de la campagne électorale d'Edouard Balladur. 


[...] L'homme d'affaires, Ziad Takieddine, détient-il, effectivement, des preuves de ce qu'il avance [...]  Pourquoi ne pas avoir fourni ces preuves, relatives aux rétro-commissions, au juge Van Ruymbeke, mercredi 5 octobre 2011, veille de son interview à Europe1 ? - Réserve-t-il ses révélations et ses preuves au juge Marc Trévidic chargé du volet terroriste de l'affaire de Karachi (le juge Van Ruymbeke ayant instruit l'affaire Clearstream) ?

Autres articles :
- TAKIEDDINE : UNE CLE USB PIEGE HORTEFEUX, Mediapart (article payant)


TF1News
[...] L'audition de l'ancien Premier ministre est "sérieusement envisagée", selon une source policière, mais aucune date n'a encore été fixée. Dans un autre volet de l'affaire, Ziad Takieddine a été mis en examen pour faux témoignage à un juge. Des développements sont également attendus en ce mois d'octobre dans une "affaire dans l'affaire": l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour violation de secret professionnel et recel après la divulgation de conversations téléphoniques entre Thierry Gaubert et l'ex-ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. Ce dernier s'est expliqué vendredi pendant près de trois heures devant les agents de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). lien direct :http://lci.tf1.fr/france/justice/karachi-retour-chez-le-juge-pour-takieddine-6743217.html


Marianne 2, Frédéric Ploquin
Dans l’enquête sur l’attentat de Karachi, qui a causé la mort de 11 ingénieurs de la Direction des chantiers navals en 2002, il y a deux temps : avant et après 2007. Avant, c’est le célèbre juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière qui mène l’instruction. 

 A son départ à la retraite, et alors qu’il entend se présenter aux législatives sous l’étiquette UMP, le juge Jean-Marc Trévidic prend le relai. Son approche du dossier change radicalement. Largement inspiré par les notes de la DST, comme on appelle alors le contre-espionnage français, le juge Bruguière ne voit qu’une hypothèse possible : celle d’un attentat commandité contre la France par l’organisation chapeauté par Ben Laden : Al Qaeda. Son successeur, sollicité par les familles des victimes et leur avocat, Olivier Morice, ouvre la porte vers une autre hypothèse, celle d’une vengeance après l’arrêt du paiement des commissions liées à la ventre de sous-marins français au Pakistan. Le juge Trévidic met ainsi à jour plusieurs éléments troublants concernant la gestion de l’instruction. Notamment celui-ci : l’évaporation du rapport de deux légistes français chargés d’autopsier les restes de celui qui a été, un peu vite peut-être, présenté comme le kamikaze. Lors de son audition, le 16 mai dernier, le juge Bruguière est formel : on ne lui a jamais remis ce rapport. Une note déclassifiée de la DST, datée du 13 juillet 2002, stipule pourtant que les experts français « ont récemment rendu leur rapports de mission aux magistrats ». Une autre pièce, plus gênante encore, vient d’être versée au dossier : une demande de commission rogatoire internationale adressée par la DST au juge Bruguière, faisant clairement référence aux expertises. Le juge a-t-il orienté l’enquête pour plaire à la fois au camp Chirac, qui dirige désormais le pays, et au camp Balladur, soupçonné d’avoir détourné une partie des commissions pour financer la campagne présidentielle de 1995 ? Enquête complète à paraître dans Marianne demain.



RÉACTIONS POLITIQUES

Europe1
Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle, a évoqué dimanche un possible lien entre le supposé financement occulte de la campagne d'Edouard Balladur en 1995 et la mort de 11 Français dans l'attentat de Karachi en 2002. Interrogée sur l'affaire Karachi lors de l'émission "Radio France politique", l'ex-magistrate a déclaré : "C'est un dossier dans lequel il n'y a pas que de la corruption, il y a eu des morts, et des morts sans doute comme conséquence d'un conflit entre les deux droites en France". L'eurodéputée EELV a estimé qu'"on insulte la mémoire des victimes en ne permettant pas la vérité de se faire jour en levant le secret militaire".


Le point
"L'ONG Avaaz et le collectif Sauvons les riches ont rendu publique mercredi une pétition comportant plus de 100 000 signatures et appelant le président Sarkozy à déclassifier immédiatement tous les documents sur l'affaire Karachi. "La pétition Avaaz a recueilli plus de 100 000 signatures en moins d'une semaine, 110 000 à l'heure actuelle. Les chiffres ne cessent d'augmenter, ce qui montre vraiment un appel des citoyens à la levée du secret-défense" dans cette enquête sur un présumé financement politique occulte, a estimé Benjamin Desgachons, membre d'Avaaz. "On demande simplement, comme l'ensemble des citoyens, la levée du secret-défense sur l'affaire Karachi, et encore plus la transparence sur l'ensemble du financement de la vie politique française", a renchéri un manifestant à son côté. De nombreux documents portant sur cette affaire de vente d'armes au Pakistan sont classés secret-défense, empêchant les enquêteurs d'y avoir accès. Une quinzaine de personnes s'étaient rassemblées près du palais de l'Élysée, siège de la présidence, vers 9 heures mercredi, jour du conseil des ministres. 


PS