mercredi 9 mai 2012

[revue de presse] - [123] - [mercredi 9 mai 2012]

DIX ANS APRÈS L'ATTENTAT DE KARACHI, LES VICTIMES ATTENDENT LA VÉRITÉ 
Nouvel Obs 
"Les victimes de l'attentat de Karachi se sont réunies mardi à Cherbourg pour les 10 ans de l'attaque qui avait causé la mort de onze Français, le 8 mai 2002 au Pakistan, avec l'espoir que l'élection de François Hollande facilite la manifestation de la vérité dans ce dossier. Une centaine de personnes, parmi lesquelles des familles, des rescapés et des élus, ont participé à des dépôts de gerbes devant les plaques commémoratives apposées à l'arsenal de la DCNS, l'ancienne Direction des chantiers navals, pour qui travaillaient les victimes, et à la Cité de la mer de Cherbourg. 


Dix ans après les faits, et alors que deux informations judiciaires se poursuivent cahin-caha, les victimes attendent toujours que soient établies les causes de l'attentat, sur fond de soupçons de rétrocommissions pakistanaises lors de la campagne d'Edouard Balladur en 1995. "Pendant cinq ans, l'Etat nous a caché la vérité. On a conscience d'avoir été trahis par notre pays, notre entreprise, notre drapeau", a déclaré l'un des représentants des rescapés, Gilles Sanson, dans un entretien à France Info. "On vient de subir avec le quinquennat de Nicolas Sarkozy des entraves permanentes sur le dossier", a-t-il ajouté, rappelant que "le parquet a fait systématiquement appel de toutes les mesures qu'on a engagées". Seul orateur lors de cette cérémonie très sobre, le député-maire de Cherbourg Bernard Cazeneuve (PS), par ailleurs porte-parole de M. Hollande, a souligné que "la vérité est pour l'Etat et ses pouvoirs constitués un devoir moral qui suppose que toutes les institutions de la République se mobilisent pour la rendre possible". "Ces salariés accomplissaient pour le compte de l'Etat, et plus particulièrement pour les Chantiers navals, qui à l'époque étaient une administration centrale de l'Etat, une mission qui les a conduits à la mort", a-t-il rappelé. 


Début avril, la Cour de cassation a jugé que les familles des victimes pouvaient se constituer partie civile dans le volet financier concernant des soupçons de corruption et d'abus de biens sociaux à propos d'un contrat d'armement franco-pakistanais conclu en 1994. Selon une hypothèse, l'attentat pourrait avoir été provoqué par l'interruption de versements de commissions au Pakistan en marge d'un contrat d'armement conclu en 1994. L'intermédiaire en contrats d'armement Ziad Takieddine doit de nouveau être auditionné mercredi dans ce dossier. "La décision prise par François Hollande de supprimer la Cour de justice de la République peut permettre de faciliter l'aboutissement des procédures en cours", a estimé M. Cazeneuve, interrogé par l'AFP, tout en mettant en garde contre "toute forme d'instrumentalisation politique" et toute accusation "outrancière". Selon lui, "les juges d'instruction indépendants qui enquêtent" - Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke pour le volet financier, Marc Trévidic pour l'attentat - "doivent pouvoir aller au bout de leurs investigations sans que le parquet fasse systématiquement appel" de leurs ordonnances destinées à élargir l'instruction. En outre, "cela suppose aussi que le secret de la Défense nationale soit levé sur la totalité des documents relatifs à cette affaire", a estimé M. Cazeneuve. 

 Vendredi, la Commission consultative du secret de la défense nationale s'est déclarée en faveur de la déclassification de 65 documents mais s'est dite défavorable à la déclassification de deux documents, et favorable à une déclassification partielle seulement de quatre autres. Les familles des victimes ont saisi vendredi la Cour européenne des droits de l'Homme pour contester que la déclassification d'un document secret défense appartienne au seul pouvoir exécutif, en France, selon leur avocat, Olivier Morice. "
lien direct: http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20120508.AFP5523/dix-ans-apres-l-attentat-de-karachi-les-victimes-attendent-la-verite.html

Autres articles:
ATTENTAT DE KARACHI, IL Y A DIX ANS, Ouest France
"IL Y'A EU UNE ENTRAVE DU TRAVAIL PARLEMENTAIRE" (B.CAZENEUVE, PS), France Info
- UNE COMMÉMORATION 10 ANS APRES A CHERBOURG, Tendance ouest
- 10 ANS APRES, UN RESCAPÉ SE SOUVIENT, RTL



LES NOUVEAUX ÉLÉMENTS


KARACHI : LE CAMP QUI EMBARRASSE BALLADUR
Le Parisien, Thibault Raisse
"C’est une pièce capitale. Depuis deux ans, le volet financier de l’affaire Karachi n’a qu’un but : rechercher l’origine douteuse d’un versement de 10 millions de francs (1,5 M€) sur le compte de campagne du candidat Balladur, le 26 avril 1995. Selon la thèse suivie par les juges, cet argent proviendrait du détournement de commissions — les rétrocommissions — issues de contrats d’armement signés sous le gouvernement Balladur. 


Une piste plus que jamais crédible depuis la découverte, le mois dernier, d’un bordereau de retrait en liquide effectué en Suisse par un prête-nom de l’intermédiaire Ziad Takieddine. Sa date : 7 avril 1995. Son montant : 10 MF. Bref, tout colle. Les juges Van Ruymbeke et Le Loire étaient sur les traces de ce document depuis le mois de mars. A cette époque, un banquier de Genève fait une révélation : un cheikh saoudien a mis à la disposition d’un prête-nom de Takieddine une somme de 10 MF « courant avril 1995 » sur un compte de transit. Les magistrats ignorent alors si cet argent a bien été retiré et, surtout, à quelle date précise. « Sans le bordereau, il était impossible de savoir si le retrait avait été effectué, si oui comment, et s’il était antérieur au dépôt effectué le 26 avril sur le compte de Balladur », souligne une source proche de l’affaire. Ce bordereau mettra plusieurs semaines à être déterré par les enquêteurs suisses, son contenu confirmant finalement les soupçons des juges. Plus troublant encore, la somme a été mise à disposition pour une période allant « du 7 au 25 avril », soit la veille du dépôt suspect à Paris, selon un fax adressé le 5 par le cheikh saoudien à son banquier, que nous avons pu consulter. 

Quelle était la destination finale de l’argent ? L’homme venu chercher l’argent n’est pas un inconnu. Durant l’enquête, Mustafa al-Jundi est apparu en tant que détenteur d’actions d’une société luxembourgeoise de Ziad Takieddine. « Un prête-nom », selon les propos du juge Van Ruymbeke lors de l’audition de l’intermédiaire franco-libanais le 11 avril dernier. Ce dernier a reconnu connaître Al-Jundi, mais a nié toute relation d’affaires ou amicale. Il sera entendu par le juge ce matin. Deux questions restent en suspens. D’abord, d’où vient l’argent? Un premier indice apporte une réponse : les enquêteurs ont découvert un virement de 5 MF effectué par Abdul Rahman al-Assir le 5 avril sur le compte du cheikh. Cet homme d’affaires libanais fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par l’Espagne. Impliqué dans différents contrats d’armement entre la France et le Moyen-Orient, il était un proche de Takieddine. 

Ce virement confirme qu’il pourrait être le véritable commanditaire du retrait, comme l’a suggéré Takieddine aux juges à plusieurs reprises. Enfin, la destination finale de la somme reste incertaine. Deux témoins du dossier ont décrit de nombreux allers-retours de Takieddine et Thierry Gaubert, alors chef adjoint du cabinet du ministre du Budget Nicolas Sarkozy, entre la France et la Suisse en 1994 et 1995. Ces voyages auraient eu pour but de récupérer de fortes sommes d’argent en liquide remises ensuite à Nicolas Bazire, alors directeur de campagne de Balladur. Un scénario dont les juges n’ont toujours pas la preuve irréfutable, mais qui apparaît aujourd’hui plus crédible que jamais."
lien direct: http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-document-qui-embarrasse-le-camp-balladur-09-05-2012-1991757.php

FRANCE 3 BASSE NORMANDIE
ENQUÊTE ATTENTAT DE KARACHI, 10 ANS APRES





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Le Monde, 08.05.2012, compilation vidéo